Jean-Baptiste Caron

FR

Alors que la sculpture produit habituellement des objets figés, les œuvres de Jean-Baptiste Caron ont pourtant l’air d’être dans une dynamique de mouvement, de métamorphose, de multiplication. Leurs formes sont créées à partir de techniques peu conventionnelles s’appuyant sur les capacités des matériaux (béton, grès, acier, poussière). Les titres des œuvres de Jean-Baptiste Caron sonnent comme des énoncés de sciences physiques – La somme des possibles, La part d’infini, La fabrique des courants d’air, etc. –, mais faisant un pas de côté en jouant les prestidigitateurs ou agissant comme l’enfant qui découvre le monde en manipulant ce qu’il a sous la main. Il se fie justement à l’apprentissage cognitif infantile, redonnant aux objets leur nature première, une forme, avant d’être nommés : ce que l’adulte appelle un pavé, sera pour l’enfant un objet cubique que l’on peut prendre dans la main… Il part donc généralement de formes géométriques simples, le carré, la sphère, pour des raisons symboliques car elles renvoient au cosmique, le carré évoquant l’ordre et le terrestre, la sphère appelant l’infini et le céleste. Il expérimente des façons de transformer la matière par la répétition d’un geste ou à partir des potentiels physiques de mutation de la matière tels que la cuisson, l’attraction terrestre, le souffle. Jouant à défaire ou détourner les règles de la nature, ses œuvres remettent en cause les certitudes scientifiques sur la forme finie. Jean-Baptiste Caron crée des objets dans des « états de forme », comme on dirait des arrêts sur image : manipulation, transformation, diminution, déconstruction…, jusqu’à l’évaporation. Aux sciences dures ou pures, il préférera les variables.

 

Eric Foucault

EN

While sculpture usually produces frozen objects, Jean-Baptiste Caron’s works seem however to be in a dynamic of movement, metamorphosis and multiplication. Their shapes are created using unconventional techniques based on the capacities of the materials (concrete, sandstone, steel, dust). The titles of Jean-Baptiste Caron’s works sound like statements of physical sciences – The sum of possibilities, The share of infinity, The making of draughts, etc. – but taking a step aside by playing conjurers or acting like the child who discovers the world by manipulating what he has at hand. He relies precisely on infantile cognitive learning, restoring objects to their original nature, a form, before being named: what the adult calls a cobblestone, will be for the child a cubic object that can be taken in the hand…. He therefore generally starts from simple geometric forms, the square, the sphere, for symbolic reasons because they refer to the cosmic, the square evoking order and the terrestrial, the sphere calling the infinite and the celestial. He experiments ways of transforming matter by repeating a gesture or from the physical potentials of mutation of matter such as cooking, earth attraction, breathing. Playing to undo or divert the rules of nature, his works challenge scientific certainties about the finite form. Jean-Baptiste Caron creates objects in « states of form », as we would say stops on image: manipulation, transformation, reduction, deconstruction…, until evaporation. Rather than hard or pure sciences, he will prefer variables.

 

Eric Foucault